Pericordial Blues

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#41–PERDRE MES OS

PERDRE MES OS

Bonjour à tous !

Ceci est un sujet difficile, mais je souhaite en parler car je suis certaine que je ne suis pas la seule dans ce cas.

C’est un aspect de la maladie qui affecte mon quotidien, l’image de mon corps, mon énergie, et toutes les questions qui peuvent nourrir mon anxiété à propos de ma guérison et des séquelles que je pourrais garder plus tard, et qui pourraient éventuellement découler sur de nouveaux soucis de santé.

Je suis toujours stupéfaite de constater qu’il existe une grande méconnaissance de la nutrition et de l’impact de celle-ci sur notre santé. Le corps est un tout. Tous les tissus, tous les organes, tout ce qui compose le corps que l’on habite, sont interconnectés. Ils sont dépendants les uns des autres pour survivre. Et lorsqu’ils sont mis en présence d’une attaque massive d’un virus, coronavirus et/ou bactérie, c’est l’ensemble du corps qui souffre.

Lorsque l’on me pose des questions sur mon état de santé, pour faire simple, je n’évoque généralement que la péricardite. Mais il y a bien plus que cela. Et j’en ai très vite eu conscience.

En effet, malgré le fait que je mangeais beaucoup, j’ai très vite perdu du poids. 10 kilos (22 livres) évaporés en quelques semaines de maladie. D’un corps athlétique, je suis passée à un corps squelettique.

Les muscles ont fondu en premier. Très rapidement, j’ai vu la qualité de ma peau se détériorer. Elle est devenue fine et fripée, elle a perdu son élasticité et je me suis retrouvée, en particulier au niveau du ventre, avec la peau d’une vieille femme de 80 ans. C’était effrayant de se voir décharnée affaiblie et précocement vieillie sans pouvoir comprendre ni réagir.

Les injonctions classiques sont : « Vous êtes trop mince, mangez plus ! » et « Vous êtes trop grosse, mangez moins ! »

Mais cette logique péremptoire, si elle est applicable à un corps sain, ne fonctionnait plus sur mon corps qui luttait contre la maladie occupée à l’attaquer et à le détruire.

Au chapitre du gaslighting médical, j’ai eu droit à :

-       « C’est parce que vous ne bougez plus » (alors que je me suis toujours forcée à sortir et à marcher chaque jour, même dans les pires douleurs)

-       « Vous ne mangez pas assez » (je n’ai jamais autant mangé de ma vie, ma propre mère en reste encore bouche bée)

-       Les suspicions d’anorexie et de mensonges (alors que je n’ai aucun intérêt à mentir sur mon état de santé, mon seul but étant de guérir, de trouver des solutions pour retrouver la santé et ma vie d’avant)

-       « Pourtant toutes vos analyses sont normales » (faut-il vraiment encore et toujours redire que les médecins, s’ils sont de grands savants que je respecte tout à fait, n’ont pas une connaissance totale et absolue du fonctionnement du corps humain ? Il subsiste une grande part d’inconnue qui reste à découvrir et à conquérir.)

Où est passé l’esprit des Lumières du 18ième siècle, fondé sur la connaissance rationnelle et la recherche du bonheur pour tous dans une société juste ? Ces grands penseurs, qui cherchaient et questionnaient au nom de la tolérance, l’égalité et la liberté, n’ont plus qu’à se retourner dans leurs tombes respectives.

Ils doivent râler autant que moi quand j’entends l’abdication qui couve sous ce paternalisme de bon aloi.

Une société qui ne se pose plus de questions n’est-elle pas synonyme d’une civilisation en perdition ?

Quand l’ego surdimensionné d’un médecin renvoie la responsabilité de la guérison à la tête du patient, au propre comme au figuré, en inventant des pathologies psychiatriques afin de ne pas avoir à se remettre en question, la médecine porte-elle encore son nom, ou faut-il la renommer gaslighting médical ?

J’ai eu la chance de rencontrer des médecins qui sont allés voir un peu plus loin dans les analyses. Des carences alimentaires de plus en plus présentes ont commencé à poindre et à constituer une preuve que mon corps se dégradait malgré mes efforts pour avoir un régime alimentaire irréprochable.

Quand les os ont commencé à être attaqué, les choses sont devenues plus sérieuses. L’examen de prédilection pour vérifier la bonne santé des os est appelé densitométrie osseuse (ou ostéodensitométrie). C’est un examen médical qui permet de mesurer la densité minérale osseuse.

Les résultats sont mauvais en ce qui me concerne. J’ai un début d’ostéoporose et mon corps n’assimile pas bien le calcium.

Mais il a fallu en arriver là. Autrement dit, à des dégâts qui pourraient bien être irréparables et irréversibles, pour vraiment être prise au sérieux.

Le médecin m’a expliqué que, d’une part, mon corps lutte contre la maladie et a besoin de beaucoup de nutriments pour se défendre, et d’autre part, les mécanismes d’assimilation des nutriments ne se font plus correctement et manquent d’efficacité.

Or, le corps va chercher les nutriments là où il les trouve. Si l’assimilation ne se fait pas efficacement grâce à la digestion de la nourriture ingérée, le corps ira puiser dans ses propres réserves pour maintenir à tout prix les fonctions vitales. D’abord, les muscles et la graisse, puis la peau, et enfin les os.

Et j’ai clairement été témoin de ce scénario. J’ai progressivement vu mon corps se dégrader dans cet ordre-là.

Tout ce que j’ai mis en place pour me soigner m’a permis de gagner un peu plus d’énergie et de reprendre un peu de poids. Les muscles se reforment et la peau « rajeunit », redevient plus tendue et plus épaisse. Mais pour les os, c’est sans doute une autre histoire. Il me faudra un peu plus de recul pour pouvoir faire un bilan de la récupération au niveau osseux.

Vous comprenez peut-être mieux, à présent, pourquoi je me préoccupe autant de nutrition et de régime alimentaire sur ce blog.

Si vous subissez une perte de poids anormale, gardez cela à l'esprit et faites tout ce que vous pouvez avant que vos os ne se détériorent.

La nutrithérapie est le parent pauvre de la médecine. Il devrait pourtant être une de ses disciplines phares. Quoi de plus essentiel ?!

En conclusion, il serait grand temps que la médecine occidentale prenne enfin en compte l’être humain dans sa globalité. Le fait de scinder les disciplines médicales en secteurs divers et variés qui ne communiquent pas entre eux au sujet d’un patient à pathologies multiples, est un système qui montre ses limites depuis déjà un certain temps.

Nous ne sommes pas des voitures, et les médecins ne sont pas des mécaniciens.

Il s’agirait de relever le niveau !

Que les egos puissent faire place à plus d’humanité et d’humilité est certainement le vœu que je formule pour tous ceux qui font face est des maladies graves ou chroniques.

Je vous laisse avec ces quelques mots de Pierre de Ronsard qui écrivait au 16ième siècle :

JE N’AI PLUS QUE LES OS, UN SQUELETTE JE SEMBLE,

DÉCHARNÉ, DÉNERVÉ, DÉMUSCLÉ, DÉPULPÉ,

QUE LE TRAIT DE LA MORT SANS PARDON A FRAPPÉ,

JE N’OSE VOIR MES BRAS QUE DE PEUR JE NE TREMBLE.

(Pierre de Ronsard, 1585)

Péricordialement vôtre,

Vali

Citation de Pierre de Ronsard, 1585